Chirurgie du strabisme

Diplopie post-opératoire :

Petite histoire exemplaire

Un confrère demande un avis :

Il devait opérer une patiente de 47 ans pour son strabisme. Celle-ci avait différé cette opération durant des années car plusieurs ophtalmologistes lui avaient dit qu’elle risquait fort de voir double si elle faisait opérer son strabisme. C’était sa plus grande crainte.

Avant même le début de l’intervention, elle présente un problème d’anesthésie, si bien que l’opération est annulée : elle est réveillée sans même que le chirurgien ne l’ait touchée.

Lorsque celui-ci va la voir en fin de programme opératoire, elle lui dit « C’est horrible, Docteur, je vois double ! »


Que s’est-il passé ?

Dès qu’elle a repris connaissance, cette patiente, qui craignait tant de voir double, a cherché une deuxième image avec insistance. Et elle l’a trouvée … Comme elle  aurait pu la trouver depuis toujours (de même que la plupart des strabiques). L’ayant trouvée, elle l’a analysée longuement, s’est testée sans cesse en espérant que cette image parasite disparaisse. Et c’était exactement l’erreur à faire pour que cette deuxième image s’impose de plus en plus.

FAQ « Strabisme » 

FAQ « Diplopie »

Ainsi, cette patiente a déneutralisé sa deuxième image.

Le discours qui impose d’informer le patient du risque de diplopie est iatrogène : avertir de ce risque (la loi l’impose !) augmente sa probabilité de survenue.


Remarques :

*Aucun test pré-opératoire (correspondance rétinienne… ) ne permet de prédire une diplopie post-opératoire malgré l’absence d’inversion du strabisme.

*Après une opération de strabisme, il ne faut surtout pas tester si on voit double. Il est banal de voir double par moment. Il suffit le plus souvent de se concentrer sur la bonne image, en traitant l’autre par le mépris ! Dans ces conditions, sauf inversion du strabisme (toujours réversible), la survenue d’une diplopie gênante est tout à fait exceptionnelle chez un patient bien informé et non obsessionnel.